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23 Mar

Dernière Vodine

Publié par Alice.B  - Catégories :  #Sales affaires !


 

Richard a sorti sa machine à engrais… Planquez vous mes lapins, ça va sentir bien pire que les gaz d’échappement. La machine à engrais de Richard, je ne connais rien de plus nocif… Quand ses collègues et lui commencent leur danse au milieu des champs, ça pique les yeux et l’eau du robinet ne tarde pas à devenir imbuvable. Le plateau briard, ex. plateau à fromage, se roule avec délice dans l’agriculture à haut rendement. Ce n’est pas nouveau me direz vous, je sais mais chaque début de printemps, ça revient sur le tapis, quand Richard sort l’épandeur à engrais.

L’autre jour, je discutais avec André, accoudée à la table recouverte d’une toile cirée, oui, celle avec des chasseurs et des canards sauvages, ils en vendent encore, de ce genre de toile par chez nous… Il me disait qu’il produisait trop de céréales, qu’il le savait mais que c’était comme cela qu’il fallait faire pour obtenir des sous de la part de l’Europe. Il me disait que sans cet argent, il ne pouvait pas faire vivre son exploitation. Pourtant, il aurait préféré vivre simplement de la vente de son grain, comme avant. Oui, André, il dit que c’était mieux avant. Moi, du coup, j’imagine des jeunes gens musclés qui battent le blé au fléau avec des gestes précis et surs. Je ne crois pas qu’André ait un jour battu le blé au fléau. André vend sa dernière Vodine, bientôt. La Vodine, c’est une vache. Toutes ses vaches se sont appelées Vodine, du nom d’une marque d’aliment pour vaches justement… Vodine sans numéro, c’est pas comme pour les bateaux… André vend la Vodine parce qu’il arrête son exploitation, il prend sa retraite et personne ne reprend derrière lui. Il me dit ça en enlevant la housse de protection de la télé, c’est l’heure de son jeu télévisé et là, il ne me parle plus, il fixe l’écran.

 

J - 2

 

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B
J'aime beaucoup cet article et André est presqu'attendrissant. Tout ce qu'il a fait pour survivre dans notre économie bancale, loin de ses idéologies, de ses rêves s'arrête ... Là, comme ça. Sans suite ...
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T
Ces grandes plaines céréalières me font peur, non pas à cause de ces immensités, ou à cause de ces champs qui sentent bon par temps d'orage, mais par la gestion qu'en fait l'homme. Ton texte est très beau et révèle la réalité du terrain. Nous marchons sur la tête et les gens vont à l'encontre de leurs "moi" intèrieur. Des moutons de panurge qui nous filent le cancer et polluent nos nappes d'eau souterraines, que nous sommes obliger de dépolluer à prix d'or! D'ailleurs seules les oiseaux noirs (les corbeaux et corneilles) fréquentent ces grandes plaines, comme si la malédiction avait frappée!!! 
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P
Il y a un coté tres filmographique dans ce texte.Jean Gabin en pecore ronchon.
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D
chez nous il y en plein des André et j'aime leur compagnie, leurs paroles mais aussi leurs silences, leurs regards perdus vers l'horizon
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C
Quand André fixe l'écran je ne vois pas où est l'ouverture d'esprit.Je suis désolé de ne pas avoir été compris, mais ce malentendu vient peut-être d'une lecture..trop rapide.Quoiqu'il en soit, je ne suis pas ici pour me faire reprendre par une inconnue.Alice B .merci de bien vouloir me retirer de tes liens, j'en ferais     autant de mon coté.
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Mes pas hésitants se perdent souvent et mon regard s'égare... J'aime bien voir tout ça du bon coté des choses...