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Je suis allée au Lieu Unique cet après-midi, ai pris un crème avec un sucre, mangé la petite cacahuète enrobée de chocolat qui l'accompagnait. J'ai souri au serveur comme je sais le faire, un large sourire qui lui a sans doute fait penser que je le connaissais, il m'a rendu ce sourire. J'ai trainé un peu dans la librairie, ai lu la quatrième de couverture du livre de photos de Sophie Calle, celui de son exposition à la BNF qui s'intitule « Prenez soin de vous ». J'ai pensé un moment que tu m'avais écris cela un jour, à la fin d'un email et puis non, j'ai pensé que non. Tu ne m'avais pas demandé cela, jamais. Je ne suis pas rentrée dans la salle d'exposition. La porte était fermée malgré les horaires affichés sur la vitre. J'ai ensuite longée la Loire par le petit sentier. Comme il pleuvait depuis le matin, mes pieds s'enfonçaient un peu dans la terre. Aucune odeur particulière n'émanait des feuilles mortes qui jonchaient le sol, pas cette fois. J'aurais bien aimé pourtant. J'aurais aimé qu'une odeur ravive en moi des souvenirs mais il n'en a pas été ainsi. Ce sentier s'arrête en bas d'un escalier, à pic, sans possibilité de poursuivre plus loin. J'ai monté l'escalier. Je suis passée de l'autre coté, celui où le trottoir est bien lisse et goudronné. Là, j'ai pris soin de laisser mes empreintes humides sur les endroits protégés de la pluie par les balcons des immeubles. Je suis parvenue , toutes les fois que je passais dans un endroit sec, à le franchir d'un bout à l'autre en y imprimant mes semelles. Je sais qu'ainsi, j'ai réussi quelque chose aujourd'hui....