Nantes, le 15 juillet 2008, 8 h. 27
J'attends Angelo, j'attends Angelo depuis 2 ans 6 mois et 15 jours, depuis le 1er janvier 2006, je l'attends. En l'attendant comme ça, sans cesse, je me ratatine, je me rabougris, je gagne des rides aux commissures des lèvres, je m'empâte. Souvent, il passe me voir, au bar, le soir, une à deux fois par semaine quand il y a les soirées slam et quelquefois à mon appartement, quai de la fosse.Quand il est là Angelo, c'est comme si le soleil se levait sur la Loire. Ça fait des petites étincelles partout sur les crêtes des vaguelettes et des grandes flaques de lumière sur les rives. Mon salon ressemble alors à une cabine de paquebot de luxe et je voyage. Oui, quand Angelo est avec moi, je suis milliardaire. C'est bon. C'est pour cela que je l'attends depuis si longtemps, pour que ma vie soit tous les jours une croisière transatlantique avec toutes les options et bonus en sus. Seulement voilà, Angelo n'y comprend rien. Angelo ne voit pas toutes ces petites lumières qu'il allume dans ma tête et ailleurs, si vous voyez ce que je veux dire. Je crois qu'Angelo cherche sa mère et qu'il l'a vu quelque part en moi, Mado, la serveuse du café de la bourse. Ah ! S'il savait, pour sa mère, si je lui disait pour sa mère...